Choisir son côté du plan d'eau c'est une des joies de la régate

Le troisième Hobie 16 arrive, la météo annonce un bon week-end, les kids sont dans les starting blocks.

Certes quelques contrariétés:

-la ligue annule la session d'entraînement hivernale prévue depuis l'automne moins de deux semaines avant son début,

-les sélectives interligues seront en intersérie par l'application de la politique fédérale et seront ainsi des ersatz de régates en temps compensé avec des classements reposant sur des ratings qui ne peuvent être que des approximations et donc des éléments biaisant plus ou moins fortement le jeu,

-la phase deux des sélections pour le Championnat du Monde ISAF est en même temps que la National Hobie Cat et une épreuve qualificative pour le Championnat de France est prévue en même temps que l'Eurocat.

-et la flotte espoir de la filière Catamaran jeune est toujours divisée sur deux supports, ce qui reste une spécificité franco-française.

En cours, le combat pour faire reconnaître au niveau de la commission matériel du Comité Départemental de Voile la réalité de la dynamique sportive du HC16:

-internationale (110 sur le Championnat d'Europe, 120 sur le Championnat du Monde, 70 sur le National Australien, l'autre pays du cata de sport), fédérale (Championnat de France Espoir et Championnat de France sur flotte collective) et locale (le rapport est  de cinq HC16 de club en régate, quatre HC16 encore sur les parkings, contre zéro SL16 -100%- régional).

-il est vrai que c'est la dernière barrière mise en place pour ne pas affecter du matériel départemental à Antoine, Guillaume, Thomas et Benjamin, 4 sportifs espoirs de la liste ministérielle 2011..., qui ont accumulé en 4 ans: 3 titres de Champions de ligue, 6 breloques nationales dont un titre de Champion de France et jamais aidé par le département sur une saison.

La question ici, c'est autant l'utilisation correcte d'un argent public qui va se raréfier (4 gréements de SL16 qui ne servent à rien... c'est pas pire que les 29er) qu'une question d'équité entre les sportifs du département.

Ceux du sud valent moins que les autres ?

De manière plus politique, à quelques semaines d'élections cantonales; est-ce à Royan Atlantique de compenser l'affectation du matériel financé par le Conseil Général de la Charente Maritime ?

Et bien malgré ces scories, la saison s'annonce passionnante pour les raisons suivantes:

-les trois équipages (Antoine/Guillaume, Charlie/Benjamin, Thomas/Augustin) constitue un groupe d'entraînement intéressant et complémentaire. Je n'oublie pas Morgane et Marjorie qui ont une redoutable mission: rapporter une médaille en 15.5 de Brest, histoire de narguer les garçons et qui seront les back-up crews en attendant de passer sur coques bananes

-l'Atlantic Cup Hobie Cat 16 est un challenge richement doté qui permettra de donner du sel aux régates interligues, le National Hobie chez les sudistes sera un rendez-vous intéressant,

-le Pôle d'Entraînement Catamaran Compétition (PECC) vient d'attribuer un budget pour financer l'entraînement des Hobie Cat 16 des jeunes de Royan Atlantique

-la région Poitou-Charentes a voté des bourses 2011 conséquentes pour Antoine, Guillaume, Thomas et Benjamin d'abord en reconnaissance de leurs performances internationales en 2010, mais aussi en considérant qu'ils  faisaient partie de ceux qui étaient oubliés par les structures de la ligue "Dériveur de La Rochelle" déjà largement financées par l'argent de la région.

-le Championnat d'Europe  Hobie Cat, en Autriche sera une épreuve internationale majeure pour la formation de ces jeunes. Pour mémoire en 2010 les trois premiers du Championnat du Monde ISAF jeune venaient du monde Hobie 16. Avec un petit tour dans le monde de la F18: Eurocat, National et GP de l'Armistice,  pour une partie de l'équipe (Thomas-15 ans- mon barreur cette année, Antoine-16 ans-, Charlie-18 ans- et Guillaume -15 ans, back up crew-),

l'idée en oeuvre depuis 2 ans est d'acquérir de l'expérience sur le niveau au-dessus.

Les perfs et podiums, c'est du bonheur en plus auquel ont peut s'attendre en 2011.

Et le 12 mars  je serai sur l'eau, car c'est cela qui m'intéresse plus que l'AG de la ligue ou du CDV.

Car je passe du temps à voir ça du zodiac, pas trop de regrets donc, quoique j'ai besoin de ma dose de glisse.

En 2010 on a fait une belle saison avec Antoine, apprenant à nous connaître et nous faire confiance, de bons moments partagés et globalement ma plus belle saison F18:  52ème de l'Eurocat, 34ème du National, 4ème des Baleines, 9ème du GP de l'Armistice et nous prenons la 12ème place du Championnat de France.

J'ai profité de l'absence d'Augustin (équipier de Tom sur le SL15.5 n°4 ci-dessus) pour m'essayer avec Tom en préparation de la prochaine saison sur la ligue de Chatelaillon reportée dans le temps et dans l'espace à La Rochelle. Après un samedi avec un clapot Rochelais et du vent, nous finissons de bidouiller le dimanche matin.

Journée grise et froide et 4 courses pour les 5 F18 présents, 4 équipages de djeuns hébergés par le pôle Excellence Rochelais ave leur suiveur sur zozo très sympa et nous sur des parcours courts. Les bouées au vent au niveau de l'Ouest minimes dans un nordet entre 10 et 15 knot, canalisés, ou pas...Terrain de jeu très très Rochelais et plutôt vicelard, ça peut arriver des deux côtés, il y a du courant et des côtes devant et à gauche avec des bâtiments.

Certitude cela se joue majoritairement à gauche dans le chenal, la difficulté majeur étant de trouver le bon couloir. Pas top de difficulté sur les départs, on en fait 2 corrects, un bon et un médiocre, généralement viseur en faisant gaffe aux coups de gauche dans la fin de la procédure. Tom dégage bien, au près on est dans le rythme, seul Yoann et Paul à 140 kil sur l'autre Capri présent nous donne du fil à retordre. Les manoeuvres décomposées en mode no failure sont un peu moins bonnes que les jeunes enragés. Le match est serré, on se bat jusqu'à sur la ligne pour un pauvre point. Particulièrement jouissif durant les 4 courses, au portant nous attaquons comme des juniors de base et je fais sécher mon linge, on à la glisse: la vue du Capricorn une patte au ras de l'eau sous spi vu du trapèze s'avère un puissant euphorisant.

Nous finissons 3ème de la première course, en se calant juste sur les autres. 5ème de la seconde car le départ et primordial sur ces courtes distances et je fais foirer le lancement, une c*** après l'autre, on vire trop tôt pour essayer de compenser. Le bord n'est pas assez refusant pour que cela le fasse, chouette bord cependant à quelques mètres des Bellet. Gestion trop courte du cadre et nous perdons l'avantage pris sur l'autre Capricorn par le double virement à se fader en plus. Cash !

Dans la 3ème course, on est gourmand (trop) sur la recherche du couloir et on chope la molle de la mort. Malgré cela nous sommes 50 mètres derrière nos camarades au vent, on décide d'attaquer sous spi. Sur l'empannage, Tom y va franco de port, pas assez bien accroché, sous l'inertie, je tombe à l'eau, m'accroche comme un perdu à l'écoute de spi. Repasser du côté au vent fut le plus difficile. L'eau est bonne, heureusement car ma sèche est humide. 5ème on a un peu la rage.

Tom pilote le dernier départ d'une manière impeccable, nous sommes limite over, ras du viseur et le cata en dessous encore plus... on voit le viseur deviser avec le comité, mais pas de rappel on fait filer, j'observe le plan d'eau cherchant trace de notre  (pas) copine la molle, c'est ok on place le virement ou on veut et nous contrôlons la flotte. On passe en tête, la bouée au vent, nous reprenons un peu d'avance dans la descente, la seconde montée consiste à contrôler les 4 autres F18, on remonte donc centré car deux à gauche et deux à droite, ils attaquent les bougres, nous conservons le leadership et gagnons cette dernière course.

Cette première régate de Tom sur le Capri est  plutôt de bonne augure pour les épreuves F18 de  2011 que nous allons faire ensemble, de belles images dans la tête pour l'hiver. 4ème à un point des World Champ de 3ème, ça va.

Je regarde du coin de l'oeil les Zobie qui sont pas passé en supersonique et se traînent au milieu des 15.5 light. La pression d'une (remarquable) saison automnale est visiblement passée... Il faut attendre la dernière course pour qu' Antoine et Guillaume remettent un peu de charbon et se décident à jouer avec le SL16 présent.

Un peu de doute et plein de choses à décortiquer pour un hiver sportif et studieux afin de bien avoir faim de nav. au printemps, j'aime bien.

Augustin et Thomas s'éclatent, un des sujets de satisfaction de cet automne.

Certes, Tom et Augustin pètent pas la régate. Ils dessalent et déchirent leur voile, dans un moment d'euphorie alors qu'ils sont en tête de la flotte, n'empêche que les deux loustics bien relax, ont fait une belle démonstration de navigation lors de l'interligue suivant le stage national.

Charlie et Ben gagnent une course et tassent sans complexe les camarades bretons. A peine deux mois après leur formation, ces deux équipages fonctionnent correctement.

Antoine et Guillaume ont trouvé un petit plus à l'ENV qui sera particulièrement utile. Deux victoires en deux courses, pour eux, le bon groove est là aussi.

Enfin les brunes Marjorie et Morgane, en rapportant un premier podium interligue de bretagne complètent une remarquable entame de saison.

Le détail est sur le site du club: ici

Mes trois fils listés Espoirs sportifs (avec Guillaume), sont bien entendu un sujet de fierté paternel, mais le plus important reste la passion partagée, les résultats importent moins que la forme de la trajectoire.

Merci à Yves, Paul et Philippe pour les apports (qui dépassent les traces GPS) et la disponibilité, pour ce très bon stage national 2010 et à lire les commentaires fessebouquiens des djeuns ce sentiment est partagé par ceux qui l'on vécu.

Je dois retrouver mes cours de mécanique des fluides pour la prochaine étape de la formation d'entraîneur, c'est donc véritablement un bain de jouvence ;-).

Encore mieux, je navigue sur le Capricorn avec Antoine et ressentir la sensation du F18 qui accélère me laisse toujours sur un petit nuage. Nous serons dès mercredi sur le site du Grand Prix de l'Armistice, avec comme seule envie prendre du plaisir.

PS: ai oublié ma fille chérie qui vient de faire son premier stage en Tyka. Le pire: elle aime ça !

Regarder l'étrave, mais aussi voir où l'on va.

Fin 2008, j'avais commis un article cherchant à analyser la démarche de la mise en place d'un équipe de club de voile et plus spécifiquement en catamaran de sport (ici). Ayant promis une suite, je tente ici de respecter cet engagement à l'aune du vécu de ces deux dernières années. Pas de grandes  théories encore mais ce que j epense avoir retenu.

Les pièces du puzzle décrit, il y a 2 ans sont en place, les résultats continuent de rythmer la vie du club.

Plus important est le développement du groupe sur 5 ans: d'un seul équipage en 2006 à six/sept catamarans en équipe et une dizaine de pitchouns. Mieux: le club est solidement ancré dans la première division nationale et joue sans complexe dans le top 10. Donc, ça gaze.

Certes le travail n'est jamais assez reconnu par les financeurs, les perfs jamais assez bonnes, les contraintes matérielles usantes, il faut avoir une bonne dose de temps, de passion et d'énergie à consacrer à ce sujet.

C'est un jardin comme un autre avec de jolies fleurs et de belles récoltes.

Voici ce que je considère comme des  points sensibles et des  contraintes pour faire durer l'aventure sans (se) lasser.

B - Regarder au loin s'avère nécessaire et délicat

-Le travail sur la formation des équipages est le plus difficile. Un excellent barreur, un remarquable équipier s'ils ne sont pas ensemble ne vont pas s'amuser, la progression sera moins aisée. L'énergie prise pour naviguer ensemble est distraite au détriment des lourds automatismes à acquérir ou de la rigueur de l'analyse stratégique et tactique qui devient un des enjeux majeurs dès l'accès dans le temps des Espoirs (14 ans).

Trouver le bon accord n'est pas facile, privilégier des équipages au long cours, n'empêche pas de savoir donner du rythme par des ouvertures d'équipages qui permettent aussi d'augmenter le nombre de catas, de partager des vécus et de relâcher des pressions. Attention cependant au zapping, une politique faite principlament de coups, d'opportunités et de piges. Cela augmente le risque de laisser d'excellents éléments sur le bord du chemin. C'est du gâchis.

-Ne pas gâcher ce qui a été construit, repose aussi sur un souci d'équilibre de l'équipe.

Les clubs de jeunes forts et qui perdurent sont ceux qui arrivent à avoir plusieurs équipages de pointe.

Ne serait-ce que pour avoir des entraînements de clubs où existent une interaction, une compétition. Un équipage qui se balade seul devant perd son temps et s'ennuie.

Un équipage féminin c'est une bonne approche et cela calme les apprentis machos.

Dès que le niveau monte, des structures d'entraînements qui dépassent les clubs sont alors nécessaires; le CLE Morbihannais ou le regroupement des F18 à La Rochelle constituent des bonnes initiatives. Les stages de ligues et nationaux sont bien sur des marqueurs de saison, presque plus que des épreuves phares.

-La mise en place d'un réseau de formateurs complémentaires est essentiel, picorer n'est pas suffisant il faut articuler entre celui qui apportera sur l'analyse du plan d'eau, les manoeuvres, la conduite ou la gestion des régates. Pour les petits gars (et filles) du CNM ce sont Dom, Stéphane, Yves et Philippe qui irriguent dans ces différents domaines, la progression de l'équipe. Je joue le rôle humble du répétiteur, fastidieux mais nécessaire. La pédagogie c'est d'abord répéter, ensuite répéter, enfin répéter ;-).

-Oublier de lever les yeux à 18-24 mois sur la programmation, le choix du support, la projection des courbes de poids et la budgétisation peut faire aboutir dans des impasses de progression.

La qualité sportive des épreuves, dès que l'on regarde au delà du Championnat de France Espoir, n'est pas évidente, on sort là du parcours gentiment balisé (D3, D2/Championnat de ligue, SIL, National, Championnat de France)  et il faut faire des choix. Le nombre de participants, de nationalités demeurent les critères sérieux sportivement, inversement proportionnel, sans doute au nombre de communiqués de presse.

-Cela en tenant compte du cycle: collège (facile), lycée (ça va encore si les voileux assurent, sauf les dates du Championnat de France Espoir) et enseignement supérieur.

A partir de cette dernière étape, soit les jeunes arrivent à concilier des enjeux forts et qui peuvent être en opposition, soit ils suspendent leur effort. Il faut être capable alors de proposer des programmes allégés qui évitent un décrochage total.

Le monitorat ffv est sur cette charnière lycée, départ dans la vie, un excellent retour pour les clubs et les sportifs.

L'évalution des jours à caser, par an en fonction du niveau envisagé est à considérer très sérieusement:

*60 séances d'entrainement (1/2 journée), 3 stages d'une semaine (vacances), 10 jours de régates, soit 55 jours pour des jeunes avec un programme de Championnat régional.

*60-70 séances d'entrainement, 4 stages d'une semaine (vacances), 20 jours de régates, soit 75-80 jours pour des jeunes qui visent un Championnat de France.

*70 séances d'entrainement, 5 stages d'une semaine (vacances), 35 jours de régates, soit 95 jours pour des jeunes qui visent l'accès à l'international.

-Je n'ignore pas l'aspect financier, qui va vite devenir une question dès que l'on dépasse les frontières régionales. Là les politiques des clubs, des collectivités locales et fédérales sont des pièces du jeu. Tout mis de son côté il faut compter (ordre de grandeur) par jeune: 400-600 euros/an pour un programme régional, 700-900 euros pour un  niveau national et près de 2.000 euros pour une saison avec de l'international dedans. Il existe des aides en plus de la fourniture de matériel mais qui dépendent des performances des équipages.

 -Pour ceux qui seront toujours accros, mettons de côté la chimère Olympique prise en charge fédéralement. Chimère, car beaucoup d'appelés pour deux élus au bout d'un parcours de 4 à 8 ans. Prendre son ticket demande de la patience car le catamaran fait partie des séries à maturation lente (et pas encore de retour dans les affaires). En clair, le bon âge c'est la trentaine. Il reste alors le Hobie Cat 16, la F18 pour s'éclater à (très) bon niveau.

Extreme 40 et la Coupe de l'America maintenant sur catamarans de sport peuvent faire rêver des jeunes sportifs à des pratiques sportives de hautes tenues. Cette ouverture et reconnaissance de notre sport est bien sur un grand plaisir, reste l'aspect de la transposition des enjeux lourds sur une pratique locale.

Dans le même temps, il faut continuer de former les "peutits"  qui regardent les "grands" avec envie... Car c'est bien cela l'objectif, prendre du plaisir à partager sa passion et former des jeunes à la vie par le jeu de la régate.