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24 septembre 2010 5 24 /09 /septembre /2010 06:52

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Regarder l'étrave, mais aussi voir où l'on va.

 

Fin 2008, j'avais commis un article cherchant à analyser la démarche de la mise en place d'un équipe de club de voile et plus spécifiquement en catamaran de sport (ici). Ayant promis une suite, je tente ici de respecter cet engagement à l'aune du vécu de ces deux dernières années. Pas de grandes  théories encore mais ce que j epense avoir retenu.

 

Les pièces du puzzle décrit, il y a 2 ans sont en place, les résultats continuent de rythmer la vie du club.

Plus important est le développement du groupe sur 5 ans: d'un seul équipage en 2006 à six/sept catamarans en équipe et une dizaine de pitchouns. Mieux: le club est solidement ancré dans la première division nationale et joue sans complexe dans le top 10. Donc, ça gaze.

 

Certes le travail n'est jamais assez reconnu par les financeurs, les perfs jamais assez bonnes, les contraintes matérielles usantes, il faut avoir une bonne dose de temps, de passion et d'énergie à consacrer à ce sujet.

C'est un jardin comme un autre avec de jolies fleurs et de belles récoltes.

Voici ce que je considère comme des  points sensibles et des  contraintes pour faire durer l'aventure sans (se) lasser.

 

B - Regarder au loin s'avère nécessaire et délicat

 

-Le travail sur la formation des équipages est le plus difficile. Un excellent barreur, un remarquable équipier s'ils ne sont pas ensemble ne vont pas s'amuser, la progression sera moins aisée. L'énergie prise pour naviguer ensemble est distraite au détriment des lourds automatismes à acquérir ou de la rigueur de l'analyse stratégique et tactique qui devient un des enjeux majeurs dès l'accès dans le temps des Espoirs (14 ans).

Trouver le bon accord n'est pas facile, privilégier des équipages au long cours, n'empêche pas de savoir donner du rythme par des ouvertures d'équipages qui permettent aussi d'augmenter le nombre de catas, de partager des vécus et de relâcher des pressions. Attention cependant au zapping, une politique faite principlament de coups, d'opportunités et de piges. Cela augmente le risque de laisser d'excellents éléments sur le bord du chemin. C'est du gâchis.

 

-Ne pas gâcher ce qui a été construit, repose aussi sur un souci d'équilibre de l'équipe.

Les clubs de jeunes forts et qui perdurent sont ceux qui arrivent à avoir plusieurs équipages de pointe.

Ne serait-ce que pour avoir des entraînements de clubs où existent une interaction, une compétition. Un équipage qui se balade seul devant perd son temps et s'ennuie.

Un équipage féminin c'est une bonne approche et cela calme les apprentis machos.

Dès que le niveau monte, des structures d'entraînements qui dépassent les clubs sont alors nécessaires; le CLE Morbihannais ou le regroupement des F18 à La Rochelle constituent des bonnes initiatives. Les stages de ligues et nationaux sont bien sur des marqueurs de saison, presque plus que des épreuves phares.

 

-La mise en place d'un réseau de formateurs complémentaires est essentiel, picorer n'est pas suffisant il faut articuler entre celui qui apportera sur l'analyse du plan d'eau, les manoeuvres, la conduite ou la gestion des régates. Pour les petits gars (et filles) du CNM ce sont Dom, Stéphane, Yves et Philippe qui irriguent dans ces différents domaines, la progression de l'équipe. Je joue le rôle humble du répétiteur, fastidieux mais nécessaire. La pédagogie c'est d'abord répéter, ensuite répéter, enfin répéter ;-).

 

-Oublier de lever les yeux à 18-24 mois sur la programmation, le choix du support, la projection des courbes de poids et la budgétisation peut faire aboutir dans des impasses de progression.

La qualité sportive des épreuves, dès que l'on regarde au delà du Championnat de France Espoir, n'est pas évidente, on sort là du parcours gentiment balisé (D3, D2/Championnat de ligue, SIL, National, Championnat de France)  et il faut faire des choix. Le nombre de participants, de nationalités demeurent les critères sérieux sportivement, inversement proportionnel, sans doute au nombre de communiqués de presse.

 

-Cela en tenant compte du cycle: collège (facile), lycée (ça va encore si les voileux assurent, sauf les dates du Championnat de France Espoir) et enseignement supérieur.

A partir de cette dernière étape, soit les jeunes arrivent à concilier des enjeux forts et qui peuvent être en opposition, soit ils suspendent leur effort. Il faut être capable alors de proposer des programmes allégés qui évitent un décrochage total.

Le monitorat ffv est sur cette charnière lycée, départ dans la vie, un excellent retour pour les clubs et les sportifs.

L'évalution des jours à caser, par an en fonction du niveau envisagé est à considérer très sérieusement:

*60 séances d'entrainement (1/2 journée), 3 stages d'une semaine (vacances), 10 jours de régates, soit 55 jours pour des jeunes avec un programme de Championnat régional.

*60-70 séances d'entrainement, 4 stages d'une semaine (vacances), 20 jours de régates, soit 75-80 jours pour des jeunes qui visent un Championnat de France.

*70 séances d'entrainement, 5 stages d'une semaine (vacances), 35 jours de régates, soit 95 jours pour des jeunes qui visent l'accès à l'international.

 

-Je n'ignore pas l'aspect financier, qui va vite devenir une question dès que l'on dépasse les frontières régionales. Là les politiques des clubs, des collectivités locales et fédérales sont des pièces du jeu. Tout mis de son côté il faut compter (ordre de grandeur) par jeune: 400-600 euros/an pour un programme régional, 700-900 euros pour un  niveau national et près de 2.000 euros pour une saison avec de l'international dedans. Il existe des aides en plus de la fourniture de matériel mais qui dépendent des performances des équipages.

 

 -Pour ceux qui seront toujours accros, mettons de côté la chimère Olympique prise en charge fédéralement. Chimère, car beaucoup d'appelés pour deux élus au bout d'un parcours de 4 à 8 ans. Prendre son ticket demande de la patience car le catamaran fait partie des séries à maturation lente (et pas encore de retour dans les affaires). En clair, le bon âge c'est la trentaine. Il reste alors le Hobie Cat 16, la F18 pour s'éclater à (très) bon niveau.

Extreme 40 et la Coupe de l'America maintenant sur catamarans de sport peuvent faire rêver des jeunes sportifs à des pratiques sportives de hautes tenues. Cette ouverture et reconnaissance de notre sport est bien sur un grand plaisir, reste l'aspect de la transposition des enjeux lourds sur une pratique locale.

 

Dans le même temps, il faut continuer de former les "peutits"  qui regardent les "grands" avec envie... Car c'est bien cela l'objectif, prendre du plaisir à partager sa passion et former des jeunes à la vie par le jeu de la régate.

 

 

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